Mise en scène…
Le soleil entre par la fenêtre de ma cuisine. Mon ordinateur est sur ma table et on m’entend taper sur le clavier. Une pile de vaisselle sale du déjeuner traîne sur le comptoir, il est presque midi. Patrick Watson vocalise dans mon haut-parleur. Les enfants sont dans le salon, devant des écrans…
Et la culpabilité m’habite.
Je devrais…
Il me semble que je me le dis souvent ces deux mots. Est-ce si difficile d’assumer de faire certains choix? Cette fin de semaine, malgré une température de février idéal pour les jeux extérieurs, j’ai choisi le confort de mon intérieur. C’est que mes enfants combattent des virus, chacun leur tour. Se reposer et prendre ça mollo c’est important dans la vie, non?
Je le sais que c’est la décision la plus sage, surtout que je ne voudrais pas contaminer d’autres enfants en allant distribuer les microbes de ma progéniture dans les lieux publics de Montréal. Alors d’où vient cette culpabilité?
J’ai beaucoup de paperasse à terminer, des tâches à compléter qui traînent et que je ne peux plus vraiment repousser. Être en solitaire, j’aurais probablement pris la décision de travailler dans un café, mais je dois avouer que passer ma journée en pyjama me plaît énormément.
Mais les écrans…je n’arrive pas à me positionner sur ce point! Dans ma tête je le suis, mais dans le concret, je suis (trop) flexible. C’est probablement la cause de cette culpabilité. Je m’en rends compte parce que le nommer ici est tout un défi! Je le sais, les écrans sont méchants, horrible pour le cerveau des enfants. Leur médecin a fait un beau rappel il y a quelques semaines: maximum 2h d’écran par jour, même la fin de semaine.
Je le sais, je suis d’accord. Moi-même je m’applique à avoir des activités sans mon téléphone et mon ordinateur. J’aime lire, peinturer, faire à manger. Les tâches quotidiennes occupent une grande partie de mon temps. Ce n’est pas si difficile. Je pourrais encore réduire, mais je sais que mon ratio est plutôt équilibré.
Et pourtant, je n’ai pas la « force » ou bien le courage d’assumer de mettre des limites en action pour mes enfants. Je suis trop permissive. Même chose pour le sucre, et pour l’activité physique.
Il m’arrive souvent de percevoir mon désir personnel de changer certaines de mes habitudes comme un chemin de croix, alors penser changer quelque chose dans la routine des autres…non. Je n’y pense pas trop et c’est là que la culpabilité embarque. Je ne suis pas très fière de moi et mon dialogue interne peu élogieux à mon égard de doit pas être étranger à mon sentiment actuel.
Plus la journée avance, plus j’entre dans ma bulle du « parent frustré de devoir gérer la marmaille et qui préférerait passer sa journée à manger des cochonneries en travaillant dans son lit ». Je me sens désagréable, je perds patience facilement. J’aimerais mieux être ailleurs, ce qui ajoute à la culpabilité.
Pourtant, quand je regarde mes enfants, ils sont heureux! Mon grand se repose et combat une fièvre légère. Ma fille passe d’une activité à l’autre avec un entrain manifeste. Elle chante et elle danse. Je fais exactement ce que je souhaitais faire, c’est-à-dire travailler sur mon livre. Tout est beau!
Pourquoi cette culpabilité?
Elle n’a pas sa place dans ma maison. Je pense que je vais la mettre dans une jolie boîte et la mettre sur le bord du chemin. Il reste quelques heures avant la collecte des ordures, personne ne se sentira choqué. La culpabilité sortit de chez moi, je pourrai peut-être embrasser pleinement le plaisir de la vie au ralenti, du respect des limites de chacun, des bonheurs simples et pourtant grandioses.
Au diable ce que je devrais faire!
Bientôt, je vivrai un peu plus alignée avec ma vision d’une vie avec un minimum d’écran (et de sucre raffiner), mais pour l’instant, j’accepte de ne pas y être. Enfin je peux respirer et voir que ma vie est parfaite comme elle est aujourd’hui.
Ça fait partie d’un lâcher prise temporaire et selon moi, c’est bien…On ne peut toujours s’imposer le « je dois faire » …Parfois, il est bon de se « lâcher lousse » et de vivre avec…Mais le lendemain, on recommence toujours et malgré tout les bons avis qui nous sont donnés. Bravo Caroline pour cet article.
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