C’est jour de photo scolaire pour mes deux mousses.
Chaque année apporte son lot de restrictions ou de suggestions afin d’avoir les souvenirs les plus mémorables possibles: pas de vert, pas de blanc, pas trop de motifs, couleurs permises ou bien de beaux souliers pour les photos plein pied…c’est rassurant de connaître les règles qui permettront de mettre en valeur notre progéniture.
Nous faisons exactement la même chose pour nous, mais tout ça dans quel but?
Ce n’est pas nouveau de vouloir contrôler notre image et offrir le meilleur côté de soi. Nous avons de la difficulté à laisser paraître ce qui pourrait être une moins belle facette, ce qui pourrait amener l’autre à nous juger par notre apparence. Je connais plusieurs personnes dans mon entourage qui ont une aversion profonde pour tout ce qui est caméra et lentille et d’autres qui utilisent filtres, retouches et jeux de lumière pour offrir une image parfaite sur les réseaux sociaux. Est-ce pour cette raison?
Comme maman d’une jeune fille qui semble facilement influencée par les images stéréotypées véhiculées dans les médias, je ne peux que me questionner sur ce contrôle de notre image, sur le message sous-jacent lorsque je le fais. C’est pourquoi je suis prudente à ce que je mets sur les réseaux sociaux (à vrai dire, je ne mets plus grand-chose de personnel).
Je me questionne aussi sur mes actions du quotidien qui ont rapport à cette notion d’image. Quelles sont mes pensées quand je me regarde dans le miroir, en sortant de chez le coiffeur (ou avant de prendre rendez-vous), quand je dois aller à l’épicerie, quand je décide d’aller courir ou de ne pas le faire? Est-ce que j’ai des pensées qui concernent mon image ou ce que les autres pourraient en penser? Je dois admettre que la réponse est souvent oui.
Et que répondre quand fillette me demande pourquoi je me maquille? Ou pourquoi elle ne peut pas avoir de grands ongles? Ça me remet en question! Parce que je n’ai pas de réponse qui serait une vérité. Parce que je sais que mes réponses ne seraient que le reflet de mes propres peurs du regard de l’autre.
Ce matin, en pensant à la photo scolaire et en m’observant, j’ai constaté que mon premier réflexe était de vouloir contrôler l’image de mes enfants. J’ai eu l’élan d’aller choisir leur linge et de coiffer les cheveux de ma fille. Je me suis arrêtée…
Pourquoi choisirais-je pour eux? Pour les trouver beaux sur leurs photos d’école? Pourtant, je les trouve beaux tout le temps, pas seulement sur une belle photo. Alors, pour ne pas passer pour une mauvaise mère aux yeux des autres? Peut-être bien. Parce qu’une bonne mère, ça s’assure du bien-être de ses enfants et que des vêtements bien agencés et une coiffure élégante sont bien le reflet de mes capacités de parents, non?
Ouf…est-ce que mon image de mère passe vraiment par le look de mes enfants? On dirait bien et c’est pour cette raison que je me suis tue. Pour les laisser développer leur propre identité sans être obligé de porter mes peurs.
J’ai donc laissé mon garçon de 11 ans porter son linge en coton ouaté au mixte de couleur étrange. J’ai laissé ma fille de 7 ans (bientôt 8) choisir une robe un peu trop grande et je l’ai regardé se faire une coiffure…intéressante, qu’elle semblait grandement appréciée.
Et au lieu de penser à ce que les autres pourraient dire, je les ai trouvés beaux. Beaux d’avoir cette liberté d’être eux-mêmes, différent de moi, et d’avoir du plaisir à s’exprimer par leur vêtement. Je ne sais pas ce que leurs amis penseront ni ce qu’ils penseront d’eux lorsqu’ils regarderont leurs propres photos scolaires dans une vingtaine d’années, mais je sais qu’aujourd’hui, moi je suis fière.