Dans un village tranquille et sans histoire vivait un jeune garçon d’environ  8-10 ans se nommant Martin. C’était un garçon brillant, curieux, créatif et heureux. Mais ce qu’il aimait par-dessus tout, c’était de rêver.

Son premier rêve de jeunesse qu’il avait en mémoire était celui de voler, tel un oiseau dans le ciel. Or, on lui avait tellement dit et redit qu’il était impossible pour les humains de réaliser ce rêve qu’il se consacrait depuis à un autre rêve ; faire voler un cerf-volant. Un beau grand cerf-volant jaune et vert qu’il pourrait regarder flotter dans le ciel en s’imaginant voler dessus au rythme des mouvements de la corde au bout de ses doigts.

Malgré les années qui passaient, Martin n’avait toujours pas réalisé ce nouveau rêve. Il n’osait le confier à ses parents et leur demander un cerf-volant de peur de se faire dire que les petits garçons de son âge, ça ne joue plus à ce genre de jeux. Il ne supportait pas de voir son plus grand rêve partir en fumée une deuxième fois et préférait donc vivre dans son imaginaire, gardant ce trésor bien caché au creux de son cœur. Il s’amusait malgré tout à le dévoiler un peu chaque jour en observant le ciel du bord de la fenêtre de sa chambre, se disant comment il serait extraordinaire de faire voler un cerf-volant.

Un matin qui s’annonçait comme les autres, Martin s’approche de sa fenêtre avec l’envie d’observer le ciel comme à son habitude, mais ce matin-là il entend à travers le vent et les habituels chants d’oiseaux quelque chose comme un rire d’enfant. Il se penche, cherchant d’où vient cette douce mélodie et son cœur se met à battre à la vue de ce qui s’offre à lui dans le ciel; un cerf-volant, gigantesque, qui semble tenir un enfant au bout de sa corde! Tout énervé, il déboule les escaliers de la maison, travers le jardin en courant et se dirige vers l’enfant au cerf-volant, tellement heureux de savoir que son rêve est possible. Oui un enfant de son âge peut encore jouer au cerf-volant. Oui son rêve est réalisable.

Lorsqu’il arrive à quelques mètres du gamin, Martin s’arrête et le regarde, sourire aux lèvres. Il s’assoit en silence n’osant le déranger et encore moins le questionner. Ha! Comme il serait heureux s’il était à sa place! Martin resta là en silence un bon trente minutes à les regarder sans mot dire, s’imaginant le plaisir qu’il aurait le jour où il réaliserait enfin son rêve.

Après un temps qui sembla à Martin durer une infinité de vies, l’enfant au cerf-volant tourne doucement la tête et tout heureux d’apercevoir un compagnon de jeu, lui propose de venir jouer avec lui. Martin s’approche, fébrile d’être à quelques pas de voir son rêve enfin réalisé. Lorsque l’enfant lui tant le fil, Martin lève les bras pour le prendre et constate avec stupeur, lorsque ses mains arrivent à la hauteur de ses yeux, qu’un gros ballon se trouve entre ses deux mains ! Impossible pour lui de prendre le cerf-volant, le ballon étant littéralement collé à ses dix doigts.

Martin, au bord des larmes, se prépare à retourner chez lui, prêt à laisser son rêve derrière pour une seconde fois, lorsqu’il sent une petite main sur son épaule. Un sourire et quelques encouragements lui redonnent espoir et avec l’aide de son ami, il tente de trouver une façon de faire voler le cerf-volant. Quand on dit que parfois nos rêves ne tiennent qu’à un fil…

Les deux enfants se mirent à chercher des solutions en commençant par apprendre à Martin à tenir la corde entre ses dents, ses orteils et même ses aisselles en terminant par attacher la corde à son pantalon. Malheureusement, aucune de ces solutions ne fut satisfaisante pour Martin. Soit le cerf-volant de montait pas dans le ciel ou bien il ne pouvait pas le contrôler ni le voir.

Bredouille, Martin retourna vers sa maison en fixant son foutu ballon qui ne voulait pas partir de là. Mais comment ce faisait-il qu’il n’ait jamais vu ce ballon pourtant si évident ! Depuis combien de temps était-il là ? Est-ce que c’était son ballon ou celui de quelqu’un d’autre ? Et pourquoi était-il collé à ses mains ? Et à bien y penser, c’était peut-être pour ça qu’il avait toujours eu de la difficulté à l’école. : pas évident de réussir avec un ballon entre les mains.

Espérant un jour s’en débarrasser, Martin commence à examiner son ballon dès l’entrée dans sa chambre. Il y mit toute son énergie et bientôt il connut tout de son ballon : sa forme, son poids, sa densité selon la pression atmosphérique, son origine ainsi que les pourquoi du comment ce ballon s’était un jour retrouvé entre ses mains. Il est rapidement devenu le spécialiste des personnes avec un ballon dans les mains tellement qu’il songea sérieusement à écrire un livre intitulé « les 5 meilleures positions pour dormir avec un ballon entre les mains et pourquoi vous devriez vous en faire poser un »…c’est tout dire !

Et comme il avait développé tellement de qualités en étudiant et en comprenant son ballon, l’idée de l’enlevé lui est tout simplement sortie de la tête. C’est quand même grâce à lui qu’il était qui il était, n’est-ce pas ? Il en vint même à oublier son rêve de faire voler un magnifique et grand cerf-volant. Il ne regardait plus le ciel en s’imaginant ce que ça pourrait être de voler dans ce bleu immense.

Ce n’est que quelques années plus tard qu’il y songea à nouveau, lorsqu’il passa le long d’un parc où jouaient plusieurs enfants. Il remarqua une petite fille au pied d’un arbre, le nez dans les airs, de grosses larmes sur les joues. En s’approchant, Martin remarqua entre les branches de l’arbre un beau cerf-volant échoué, hors de portée des mains de la jeune fille.

C’est avec un brin de nostalgie que Martin étira le bras pour prendre le cerf-volant. Il comprenait la tristesse de cette enfant, se rappelant la sienne. Il repartit tout de suite après sa bonne action, heureux de voir le sourire sur le visage de la fillette. Et pendant ce temps, personne n’avait remarqué le ballon qui était tombé sans bruit dans la pelouse fraichement coupée.