J’ai eu une attaque de la maladie de la performance.

J’aurais réellement aimé être immunisé. C’est comme si, en me questionnant sur la performance et en partageant par écrit mes découvertes, mes réflexions et mes constats, je pensais que je m’étais vacciné contre les crocs de ce gigantesque monstre.

Il est vrai qu’il ne m’effraie plus comme avant. Je dirais même que j’ai (presque) réussi à l’apprivoiser. Du moins, je m’en suis fait un allié sur plusieurs plans.

Or, la performance a d’autres tours dans son sac et la bête est venue jouer sournoisement dans ma tête.

Savoir que c’est Performance qui cogne à la porte quand on a un résultat à livrer au travail, c’est possible pour plusieurs d’entre nous. Il en va de même pour tout ce qui concerne les pressions sociales: stéréotype, mode, modèles familiaux, etc.

Bref, qu’en la performance arrive d’une pression extérieure, il est plus évidant de voir venir les coups. Je ne dis pas que c’est simple de les éviter, mais ça peut être prévisible pour l’oeil affûté.

Il en va tout autrement lorsque la bête émerge de l’intérieur et que la « game » se joue uniquement entre nos deux oreilles.

C’est là que Performance a frappé cette fois. Sans que je m’en aperçoive, délicatement, sans bruit.

Parce que pendant près d’un mois, je me suis retrouvé en tête à tête avec moi même. Sans travaille ou presque (les aléas des travailleurs autonomes!), je me croyais bien à l’abri des idées de performance. On n’attendait rien de moi après tout…

Mais à force de ne « rien » faire à la maison, j’ai dû constater que beaucoup de choses que j’aurais « dû » faire pendant ce moment d’accalmie restaient en plan. De la paperasse surtout, mais aussi toutes sortes de projets que j’étais incapable d’entamer ou de mettre en marche.

C’était aussi vrai pour ce blogue pour lequel j’avais envie d’écrire, mais impossible de pondre un texte. J’en ai commencé quelques-uns pourtant, mais rien de concluant. Je les trouvais insipides et sans saveur. Le genre de texte qu’on écrit « parce qu’il faut » et non parce qu’ils viennent du coeur et qu’ils cherchent à sortir par tout les moyens.

Un soir, j’étais simplement assise dans mon salon le sourire aux lèvres, un livre entre les mains, mon téléphone pas loin pour discuter avec une amie. J’étais bien, heureuse, satisfaite. Puis cette pensée dans ma tête: « Tu devrais tellement être en train de faire quelque chose au lieu d’être là à ne rien faire. »

Et bang! la bête avait frappé.

J’étais bien…mais est-ce que c’était normal d’être aussi bien à ne rien faire, plusieurs jours de suite? Plusieurs semaines de suite?

Ça semble l’être lorsque ces jours et ces semaines se nomment « vacances », mais lorsqu’on les appelle le quotidien, on dirait que quelque chose cloche. La culpabilité avait fait son entrée. Les obligations ont grognées, les projets ont montré les dents, et je continuais pourtant à rêvasser sur mon divan, à profiter de la vie et du temps qui passe doucement.

Alors sans que je le remarque, l’idée que je devais faire quelque chose de concret s’est amplifiée. La pulsion de fournir un résultat palpable et mesurable a pris de la vigueur.

Pourtant, c’était à mille lieues de ce dont j’avais véritablement envie!

De quoi ai-je envie? Ce n’est qu’aujourd’hui que j’en prends conscience, après avoir côtoyé la bête plusieurs jours.

La seule chose qui illumine mes yeux depuis plusieurs semaines c’est voir des gens, connecter aux autres et à moi-même, prendre mon temps, rester à la maison sous les couvertures, discuter avec mes amis, me questionner sur la vie, me faire à manger tranquillement, contempler le temps qui passe, écouter le silence…

Pendant se temps, la pile de « il faut » et de « je dois » s’accumule et me regarde avec de gros yeux. Elle semble me juger et me dire que j’aurais bien mieux à faire.

C’est peut-être vrai Performance, tu as surement raison. J’entends ce que tu me dis et je choisis de m’écouter cette fois.

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