Une cliente me demandait cette semaine: « Est-ce que tout le monde se pose autant de questions? Est-ce que c’est normal? »

Je ne peux malheureusement pas répondre pour les autres, puisque je ne suis pas eux. Je ne peux parler que de ce que je connais.

Ce que j’aurais répondu il y a cinq ans, c’est que je ne me posais pas de question. En fait, je devais m’en poser un peu, mais je ne m’en souviens pas vraiment.

Il y a cinq ans, je vous aurais aussi dit que je n’avais aucun problème, que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Comment faire autrement? J’avais déjà deux postes dans des orchestres depuis près de 10 ans, dans ma province natale, alors que plusieurs collègues de mon âge travaillaient seulement à la pige, s’étaient expatriés ou bien avaient tout simplement changé de domaine.

Tout ça alors que j’étais encore à l’école. Exit le stress de ne pas savoir si je travaillerai un jour dans mon domaine ou non. La question ne se posait même pas, j’avais « réussi ».

Tout allait bien aussi au niveau relationnel. J’avais une famille, j’étais mariée, j’avais déjà un garçon magnifique en parfaite santé et le projet d’un deuxième enfant. Je ne manquais de rien.

Je gagnais bien ma vie, j’étais en santé, je faisais ce que j’aimais dans une situation plus que souhaitable…impossible d’avoir des problèmes, n’est-ce pas?

Pourtant, je traînais un malaise que je niais complètement. Je ne me rendais pas compte, bien installée dans ma situation confortable, que j’étais en panne d’inspiration.

Incapable également de me rendre compte que je n’étais pas bien avec moi-même. Que je n’assumais pas mes différences, que je n’étais pas à l’aise de briller. Comme si je n’avais pas le droit, comme si les autres le méritaient avant moi.

Ça n’allait pas mal, loin de là. Je prenais soin tout de même de garder dans l’ombre tout ce qui aurait pu venir perturber ce calme apparent, loin des questions qui auraient pu révéler ce que je ne souhaitais voir.

Un jour, le voile du déni s’est levé laissant la voie aux milliers de questions qui se cachaient derrière. Ho! J’ai bien tenté de résister, mais la vie est plus forte que ma volonté.

Depuis, les questions n’arrêtent plus!

Certains peuvent penser qu’ils se posent trop de questions. Je peux comprendre. Se poser des questions amène parfois certains compagnons dans notre vie comme insomnie, peurs, doutes et cie.

Dans mon cas, elles m’ont amené à explorer certaines zones plus sombres que je cherchais probablement à éviter depuis beaucoup trop longtemps. Se promener dans ces endroits peu fréquentés n’est d’ailleurs pas toujours de tout repos.

Je comprends donc ces personnes qui pensent se poser trop de questions. Pourtant, je ne reviendrais pour rien au monde à ce moment où j’allais dans la vie sans souci.

Parce que cette prise de conscience m’a amené au coeur de moi-même. Au-delà de la réussite, des accomplissements et des apparences, j’ai découvert un chemin.

J’ai découvert des ressources inexploitées, des talents cachés, des qualités ignorées, des aspects de moi mal-aimé. Tout ça grâce à des questions choques, qui bousculent, qui ébranlent, qui réveillent.

Maintenant que je me pose un tas de questions, certaines choses me semblent plus ardues, moins fluides.

J’y ai par contre gagné un des plus beaux cadeaux; la possibilité de me découvrir pleinement et d’explorer des facettes de moi qui m’était encore inconnue.

Je me retrouve en face de cette potentialité infinie et de la possibilité de laisser tomber les barrières.

Alors est-ce que tout le monde se pose autant de questions? Probablement pas. Est-ce que c’est normal? Pourquoi pas! Est-ce que c’est souhaitable? Personnellement, je ne m’en passerais plus.

Aujourd’hui, je dis pleinement « oui » aux questions, surtout lorsque celles-ci font grandir, le sourire aux lèvres ou les larmes aux yeux.

Oui aux questions qui réveillent, qui éveillent, qui font voir le monde d’un oeil nouveau.

Oui aux questions lumineuses et même sombres, surtout lorsqu’elles apportent l’espoir.

Je dis oui aux questions qui me placent face à moi-même.

Je dis oui aux questions qui font vivre.

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