Être performant.

Concept omniprésent dans notre société, nous le retrouvons littéralement partout. Que ce soit au travail, dans nos écoles, dans nos relations aux autres, et même dans nos loisirs, tout est basé sur une atteinte de standard plus ou moins réaliste.

Il faudrait toujours offrir notre 100% au travail, être le meilleur parent, ami, soeur/frère ou conjoint, être en parfaite santé, prendre soin de soi, manger super bien et surtout pas de sucre, dormir 8h par nuit, faire du yoga, s’inscrire à un marathon, être souriant en tout temps, calme, zen…

Il n’est pas étonnant de lire que le stress est un des maux les plus fréquents en ce début de millénaire et cette notion de performance en est certainement une des causes.

Bien sûr, il est normal de devoir répondre à certaines exigences au travail, de vouloir le mieux pour nos enfants et espérer les voir obtenir de bonnes notes à l’école, également normal de vouloir vivre une vie épanouie et bien entourée ou espérer vivre en bonne santé le plus longtemps possible.

Rien de plus naturel.

Là où ça me chicote, c’est lorsque l’atteinte d’un objectif passe avant toute chose, peu importe le prix. En voulant atteindre un but pour plaire, répondre à un standard dicté par on ne sait trop qui ou bien pour conserver intacte cette image qui nous est si chère, on en vient généralement à s’oublier, stressant pour conserver la tête hors de l’eau.

Je me demande: qu’est-ce qui arrive si ce que je fais est juste, mais n’apporte aucun résultat? Pour quelles raisons souhaitons-nous être autant performants?

Depuis quelques années, je butine les activités sportives. J’ai touché au Pilates, au tai-chi et à la natation. J’ai également tenté la course, mais mes essais ont été peu fructueux.

Pourtant, la course me semblait une belle option: peu coûteuse, il est possible de la pratiquer n’importe où. J’ai essayé de suivre un programme, d’y aller avec quelqu’un…rien à faire. Il faut dire que j’ai une âme rebelle. Dès que j’entends que nous devrions faire telle chose de telle manière, ça me donne le goût de faire différent.

Avec la mode de la course à pied qui bas son plein, les dizaines de courses où l’on peut s’inscrire et le nombre d’ouvrages sur la meilleure façon d’être le meilleur coureur possible, la petite rebelle en moi dit non.

Pourtant, il y a deux semaines, j’ai commencé à courir.

Une histoire très banale. Seule à la maison, j’ai eu le goût d’aller marcher. Je me dis « pourquoi ne pas enfiler mes souliers de courses pour l’occasion ainsi que mon linge de sport, tout est neuf! » En marchant au parc, j’ai croisé plusieurs coureurs et ça m’a donné le goût d’essayer. Juste pour tester si c’était possible. Pourquoi pas, non?

J’ai donc couru par simple curiosité. Lorsque mon corps m’a dit que c’était le moment d’arrêter, j’ai tellement été surprise de la distance que je venais de faire (je pensais arrêter 4 fois plus vite) que j’ai eu le goût de recommencer. Depuis, j’y vais au 2 jours.

Je ne suis pas de programme d’entrainement. Je ne souhaite pas faire de course de 5 ou 10 km. Je ne vais pas courir un nombre de temps prédéterminé ni pour faire une distance précise. Ce n’est pas non plus pour être en forme ou perdre du poids.

J’y vais, juste comme ça.

Est-il toujours nécessaire d’avoir un but pour se mettre en marche?

Pour avancer, ça ne prend pas de destination, il suffit de marcher. Par la suite, c’est en m’observant que je réussis à me diriger.

Si je suis fatiguée, ai-je le goût de continuer ou de m’arrêter? Si je n’ai plus de motivation, est-ce que je souhaite la retrouver, changer de route ou passer à autre chose? Si j’ai le goût de pousser la machine, suis-je prête à assumer les conséquences si conséquences il y a?

C’est à l’intérieur qu’il est possible de découvrir si le prochain pas sera le bon. Personne d’autre que nous ne peut savoir si le chemin que l’on suit est le bon.

De quoi ai-je le goût, ici et maintenant?

Courir. Mes pieds finiront bien par me mener à destination.

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