Plaire, vouloir être aimé et reconnu, voilà des thèmes qui reviennent régulièrement chez les musiciens.
Il y a tant d’investissement de soi dans cette discipline qu’on en vient à penser que nous sommes QUE musicien, rien d’autre. Alors, lorsque notre travail n’est pas reconnu, apprécié ou bien qu’il est remis en doute, nous nous sentons personnellement attaqués.
On en vient à croire que c’est notre identité qui est jeu. Quelqu’un qui n’aime pas notre façon de jouer signifie qu’on ne nous aime pas, remettre en question une décision musicale revient à mettre en doute nos valeurs profondes, etc. Ça peut être extrêmement confrontant si ces éléments sont entremêlés.
Il est alors tentant de vouloir se conformer, de rester dans le cadre pour conserver l’amour des autres. C’est une excellente stratégie pour éviter le rejet, mais notre véritable moi peut alors en souffrir.
À l’autre extrême, il existe ceux qui évitent toute forme de conformisme et réclame haut et fort leurs différences. C’est tout à leur honneur! C’est une stratégie qui peut être extrêmement payante lorsqu’on travaille plutôt en solitaire (un soliste par exemple), mais ça pourrait compliquer certains aspects de la vie en communauté.
Alors, comment se faire reconnaître pour qui nous sommes vraiment, en tant qu’individu, en tant que musicien et en même temps faire partie d’un groupe qui aspire à une certaine homogénéité, à une cohérence?
Bien que cela semble paradoxal, je pense que c’est justement de là que les musiciens et la musique tirent toute leur puissance respective.
C’est peut-être seulement une impression que j’ai, mais j’observe que le groupe est souvent mis de l’avant au détriment des individus qui y participent. C’est-à-dire qu’on aimerait que toutes les parties du groupe, par exemple chaque membre d’un orchestre, fassent partie du même moule. C’est tellement plus facile à modeler!
Or, si l’on prenait le chemin inverse en reconnaissant les différences de chaque individu, il serait alors possible de créer quelque chose d’unique qui ne pourrait jamais être reproduit ailleurs. Enlevez un seul élément et le résultat en serait transformé.
Vous en doutez? Si je vous dis que je fais partie de l’Orchestre Métropolitain, je pense à un ensemble précis avec tous ses membres. Si j’enlève un seul petit élément, par exemple la lettre A, alors je fais partie de l’Orchestre Métropolitin et non Métropolitain. C’est le même orchestre, et en même temps, ce n’est plus la même chose!
Réfléchissez à ceci: lorsque vous vous empêchez d’être véritablement vous-même pour aller chercher de l’amour, de la reconnaissance, par peur d’être rejeté ou pour toutes autres raisons, vous privez vos collègues d’un merveilleux cadeau, celui de votre différence.
Vouloir ressembler à la lettre E au lieu d’assumer d’être la lettre A c’est facile, mais ça n’aide personne. Ce n’est certainement pas bénéfique pour vous et ce ne l’est pas au final pour le groupe non plus.
Il existe 26 lettres dans l’alphabet et chaque lettre à son utilité, sa valeur, sa couleur. Être la lettre Z n’est peut-être pas simple, mais c’est essentiel pour exprimer tout ce qu’il y a à dire.
Oser être authentique, c’est s’offrir le cadeau d’être avant d’espérer faire.
Être, c’est participer à l’émergence d’un résultat unique, que l’on soit seul ou en collectivité. C’est le chemin du respect, de la bienveillance et de la reconnaissance.