Une volière, devant mes yeux.
Dans le pin immense se déplacent joyeusement plusieurs oiseaux. Ils ne semblent pas faire grand cas des nuages gris, gouttelettes d’eau solidaires sous les rayons du soleil.
Alors que l’oeil humain voit la morosité du paysage, ces discrets êtres ailés se délectent de la joie de voler.
Rien ne semble déranger cette nature qui n’a aucunement besoin de mon regard pour exister ni pour savoir où aller ou quoi faire.
Pourquoi est-ce si différent pour nous, les humains?
Peut-être sommes-nous possédés d’un quelconque parasite qui nous oblige à la comparaison, aux jugements et à la gratification personnels afin de ressentir cet élan de vie?
Une mouche nous a piqués.Nous sommes amnésiques de cette nature qui nous traverse et qui n’a pas besoin de faire pour être.
Nous croyons que fabriquer et posséder nous permettra d’exister alors que c’est le fait même d’exister qui produit les fruits et non l’inverse. Une sagesse oubliée dans le creux de nos cervelles et pourtant racontée chaque jour devant nous.
Et ce paysage, sous mes yeux, qui expose sa beauté humblement et sans pudeur.
Je veux faire partie de ce tout. Enlacer le tronc du grand pin, dans un ultime baiser végétal, pour connaître le bonheur et la simplicité d’accueillir et de faire vivre la joie. Me dévouer pour protéger et nourrir une foule variée d’être.
Je veux être cet arbre qui permet la vie.
Me reposer, bien enracinée, et être là.
Exister.
Qu’on me regarde ou pas.