Je revenais cette semaine d’un concert à l’heure où le soleil se couche.
Le ciel était tout simplement magnifique. J’avais l’impression de me diriger au volant de ma voiture vers des montagnes lumineuses de couleur jaune et rouge. Tout autour était nuageux. Il n’y avait que ces formes immenses, droit devant moi, éclairées par le soleil au-dessous de l’horizon.
Bref, c’était grandiose.
Je roulais vers cette oeuvre d’art grandeur nature et j’aurais aimé atteindre ce paradis. C’était si proche et si beau…pendant un moment j’ai cru que ce serait possible.
Quelle illusion!
Vous savez quoi? Je crois que c’est la même chose avec l’atteinte de la perfection.
On aimerait tant l’atteindre cette perfection. Elle offre un paysage si riche, vibrant et lumineux qu’on ne peut que vouloir y arriver. Et lorsqu’on aurait enfin atteint cette destination, nous pourrions nous installer dans ce pays magnifique et enfin nous reposer.
Ho oui! C’est beau la perfection, mais voilà; c’est autant une illusion que ce magnifique coucher de soleil que je croyais un instant pouvoir rejoindre.
Ce qui n’empêche pas d’entreprendre un voyage vers celle-ci. De toute façon, elle ne sera jamais atteignable. Aussi bien se diriger vers le soleil plutôt que les nuages. Au moins le paysage sera magnifique.
Les difficultés arrivent lorsque nous nous entêtons à croire qu’il existe un point d’arrivée et que la perfection, dans tout ce qu’elle a de plus utopique, est possible.
On roule vers la lumière et puis le soleil se couche avant qu’on y soit arrivé. On est triste, déçu, en colère…choisissez l’état que vous voulez. Le jour finit par se lever après quelques heures d’obscurité et on se dit qu’on y arrivera cette fois-ci.
Peut-être en allant un peu plus vite, peut-être en changeant un peu de route, peut-être en portant des lunettes soleil ou je ne sais trop quelles autres options.
Jusqu’au jour où l’on abandonne, on baisse les bras et on n’avance plus. Arrive alors un magnifique coucher de soleil, plus beau que le précédent, qui semble encore plus proche et atteignable.
L’espoir revient et la boucle recommence. Encore une fois la déception, la tristesse, la colère et compagnie. Le lendemain, pareil.
Plus les jours passent, plus on se dit que ce doit être nous le problème, qu’on doit mal s’y prendre. Parce que tous ceux et celle qui nous ont dépassés ou qui sont déjà en avant l’ont forcément atteint cette perfection eux. Pas nous.
À garder les yeux sur ce point fixe, on manque le paysage, l’essentiel. Il suffit de s’arrêter et de prendre le temps de regarder autour pour réaliser qu’il n’y a rien à atteindre.
Nous y sommes déjà dans cette perfection. Cette lumière que nous poursuivons, elle illumine déjà tout autour de nous. Nous sommes chaque instant dans la lumière.
Alors, mettons-nous en route pour le plaisir d’avancer. Marchons sur ce chemin, non pas pour arriver quelque part, mais juste pour le vivre.
Et pendant qu’on fixe la lumière, gardons en tête qu’il se passe mille et une choses. Oui, il se passe beaucoup de chose, mais surtout une:
Il se passe la vie. Ne la ratons pas.