Faites face à vos peurs et à vos doutes et un nouveau monde s’ouvrira à vous.
Robert Kiyosaki
Je suis allé jouer cette semaine en classe de maître (pour ceux qui ne connaissent pas, c’est comme un cours privé de 20 minutes, devant public). J’avais le goût de nouveauté, de défi et de jouer du piccolo a quelqu’un qui en joue souvent. L’opportunité s’est présentée et j’ai décidé de la prendre! Je trouvais l’idée très bonne lorsque j’ai dit « oui », mais vous n’avez pas idée le nombre de fois que je me suis demandé ce que j’étais en train de faire ou que je me suis suis trouvé complètement folle. C’est bien beau vouloir s’améliorer et se remettre en question, le faire devant public c’est une autre paire de manches!
Quand j’étais à l’école (il y a déjà 9 ans, ouf!), je faisais face à une très grande variété de défis plus exigeants les uns que les autres: cours privé ou de groupe, concerts, examens, auditions, concours…c’était mon quotidien. Un jour j’ai gagné un poste, puis deux. Faire de l’orchestre est devenu ma vie et jouer les oeuvres au programme au meilleur de mes compétences tout en apprenant les subtilités du métier de musicien d’orchestre sont devenus mes défis.
L’adrénaline qui faisait son apparition de façon régulière il y a 10 ans a laissé sa place à une douce confiance qui me permet maintenant de faire mon métier dans un calme relatif. Je n’ai plus à jongler avec cette poussée soudaine et rapide d’adrénaline ou si elle arrive, je peux gérer. C’est agréable, et en même temps ça me manque parfois. Je m’ennuie de ces moments de grande intensité puisque j’y ai toujours énormément appris. Ce n’est pas pour rien que j’ai toujours aimé les processus d’audition, héhé.
Dans cette classe de maître, lors de ce petit passage devant la scène, j’ai effectivement goûté à ce gros cocktail hormonal. Les deux premières minutes m’ont d’ailleurs semblé interminables! Mes muscles étaient remplis de ce mélange et j’avais beaucoup de difficulté à gérer, autre qu’en tremblant de tous mes membres. C’est à ce moment que j’ai réalisé le danger de cette intensité pour l’estime, particulièrement si elle est blessée. Il devient très difficile avec tout ce stress d’avoir le recul nécessaire pour apprendre. C’est justement dans ces moments qu’il est particulièrement important d’être indulgent avec soi. C’est ce chemin que j’ai décidé de prendre, en toute humilité.
J’ai décidé que j’acceptais qu’un parfait étranger mette en lumière mes points faibles devant des étudiants, des amis et des collègues. J’ai accepté que mon corps soit la proie des tremblements pour quelques minutes. J’ai aussi accepté que ce que j’avais à présenter n’était pas parfait et que je n’avais pas eu le temps nécessaire pour offrir un résultat qui m’aurait vraiment plus. J’ai accepté d’être moi même, avec mes forces et mes faiblesses.
En gros, reconnaître avec humilité mon imperfection fut le plus grand défi cette journée! Quelques collègues me trouvaient courageuse d’aller m’exposer de la sorte. Ce n’est pourtant pas un adjectif que je me serais donné. Pour moi, c’est seulement ma façon d’apprendre. Maintenant que la poussière est un peu retombée, je reconnais que cette force qui me pousse à me dépasser et à repousser mes limites peut se nommer courage.
Ces mêmes personnes m’ont aussi dit qu’eux ne l’auraient pas eu, ce courage. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils auraient pu le faire, autant que moi. Vous savez pourquoi? Parce qu’elles sont toutes courageuses puisque la peur fait partie de leur quotidien, tout comme moi.
Au fond, le courage n’est que le désir d’affronter ses peurs, de les regarder en face et de s’en faire des alliers. Et c’est en le faisant que de nouvelles portes s’ouvrent.